vendredi 23 novembre 2007

Le penseur et sa lumière

Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Luc Ferry est le digne successeur de Victor Cousin et de tous les jules de la philosophie. Comme les coucous aux méthodes parasitaires, il vit en rentier de la pensée, en gardien du savoir institutionnel. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Luc Ferry est souvent impressionnant d'érudition. A l'écouter, on est submergé, on est rejeté, on est discrédité. Luc Ferry parle bien et établit d'impressionnantes distinctions conceptuelles. D'ailleurs, Luc Ferry n'est pas agrégé pour rien. Il pourrait sans forcer prouver l'existence de Dieu et son caractère illusoire. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. N'est pas kantien qui veut. Seul problème : la méthode que reprend Luc Ferry ne permet jamais que de briller dans l'immédiat. Luc Ferry est tellement mineur que sa pensée brille comme le charbon. Au final point le hic : le coup de grisou. Comme les murs s'érigent à partir des fondations, toute pensée s'élabore à partir de fondements. Luc Ferry pose mal les problèmes te les questions. Plus la pensée camoufle avec soin ses fondements, plus elle est faussaire de l'esprit. Les impensés sont la pensée. A l'instar d'improbables chanteurs d'académies prestigieuses et piteuses, Luc Ferry pense faux. Il est le penseur de la mode, avec tant d'autres, celui qui réussit l'exploit de penser d'autant plus à partir d'autres voix, autorisées et classiques, qu'il pose mal les problèmes et les questions. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Luc Ferry déraisonne parce que ses fondements sont si prévisibles qu'ils détonnent. En bon commentateur à la mode qui se respecte, Luc Ferry ne rêve que de tuer le Père Emmanuel. Ce n'est pas au Père-Lachaise que Luc Ferry sera enterré. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Dans un siècle, on ne parlera plus de lui. Heureusement. D'aucuns, en consciencieux historiens d'époques révolues, se pencheront sur son cas comme sur un symptôme éclatant : Luc Ferry se montra d'autant plus méprisant et sûr de son fait qu'à justes titres il était et brillant commentateur et piètre penseur. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Sans doute est-ce la principale raison qui l'amène à vouloir dépasser l'antienne du commentateur qui prétend se hisser en lieu et place du penseur : penser à partir des autres, ce qui veut tout dire et ne veut rien dire. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Ce grand frustré qui se rêvait génial, dans l'exacte mesure où les génies n'ont rien demandé, et auraient tant préféré ne pas être géniaux, ce faux génie, ce mauvais génie, cette défroque de génie s'évertue à répandre avec tant d'autres comparses corrompus, des disciples du jeu de mots moribond, des compagnons de la clique des clinquants, la bonne parole de la pensée qui s'égare et qui se prend au sérieux : la vraie pensée, la pensée vertueuse, la pensée sans arrière-pensée consisterait à penser contre soi-même. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions. Son succès sans commentaire est sans appel. Le vrai philosophe connaît sa première tâche et sa seule mission : pardonner à Luc Ferry et aux avatars de Luc Ferry. Luc Ferry pose mal les problèmes et les questions.

Legs

J'ai tant souffert c'est vrai, car j'étais de côté
Je regardais les autres, et moi j'étais blessé
On me disait malade, on me disait guéri
Ma sclérose est diaphane, les plaques sont sans vie

D'une faiblesse ou d'une force, d'un baratin sans fin
Accepter l'ignorance, arrêtés du destin
Le simulacre de nuit, léthargie du retors
Moins on comprend ton sort, plus tu sors de la mort

Un long tunnel a englouti mes songes sans dé
J'ai joué et j'ai gagné à sourire écarté
La fatigue nourrit l'onde de tous ses sombres défauts

Si tu descends, remonte, le bien au bout des mots
Un bonheur simple est certes le scandale des ragots
On voulut te détruire et on t'a exaucé

Sais-tu?

L'enfant est ce jeune faon qui ordonne le néant
Olifant de ton feu, flamme de ton ocre estime
Quand l'absent s'époumone, tu exauçais la vie
Ne disperse pas tes mânes pour un peu de vétille
Il grandira pour toi quand tu ne seras plus
Contemple-le déjà car déjà tu es autre

Tel un disciple sans maître, tu es l'ultime apôtre
L'ombre dont le rang se mêle sans souci du fétu
Si tu visais la cible, tu manquerais de bille
Avec une once de force tu régénères l'envie
Aucun verset du tertre n'est plus fort que la rime
Je te dédie ces peaux dont tu feras ton sang

Suie.